VIII

Dès lors je vécus replié sur moi-même, peu à peu les persécutions avaient cessées mais je continuais de fuir, je me réfugiais au fond du parc. Sa tristesse, par cette automne agonisant, exagérait ma mélancolie. J'avais obtenu de ne plus jouer, pendant que mes camarades étaient retenus sur le cours, Verneuil était à moi... Un Verneuil désolé ou savamment je cultivais mon amertume, je vivais de mon désespoir.

Les feuilles disparurent, elles pourrirent dans les allées, fondirent dans la boue. Les pluies persistantes me cloîtrèrent au salon,... De la fenêtre je voyais mes camarades poursuivre un inlassable ballon malgré l'averse... Je restais immobile, les mains sur les genoux, ressassant la douceur de la maison, évoquant le sourire de ma mère... Mais déjà mes camarades revenaient, j'allais les rejoindre au vestiaire qu'emplissait une écœurante odeur de laine humide et de vapeur chaude... ils criaient autour de moi, se battant à coups  de serviette, se jetaient les uns les autres sous la douche... A peine leur agitation troublait-elle le rêve où je demeurais muré... Je ne vivais plus qu'en moi-même, enfermé dans une mystique du regret. Comment exprimer l'intérêt de cette vie intérieure ? Ma nostalgie me tenait lieu d'univers et mon âme désormais était prise pour les plus tristes sentiments.